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Interview donnée au Petit Journal de Rome

 
 

Retrouvez l'interview sur le site du PETIT JOURNAL

 

Lepetitjournal.com de Rome : Pouvez-vous nous résumer votre parcours et nous préciser quelles ont été vos motivations pour entrer en politique ?

Anne Sabourin : Je suis née dans le Loir et Cher de parents enseignants. Pour faire mes études de Sciences politiques je suis montée à Paris. C'est là que je me suis passionnée pour les questions européennes. J’ai milité à la fac contre le Traité constitutionnel européen (2005) parce que je voulais, et veux toujours, une Europe solidaire et démocratique. J'en ai fait le sujet de mes recherches de Master, un leitmotiv pour l'apprentissage des langues. Quelques années plus tard, j'ai travaillé comme collaboratrice du Parti de la gauche européenne, qui regroupe toutes les forces de la "gauche de gauche". Cela m’a formé politiquement et apporté humainement. Aujourd'hui, à 33 ans, je suis la responsable Europe du PCF. J'appartiens à la nouvelle génération qui refuse ce vieux monde où 1 % de la population mondiale détient plus de richesses que les 99 % autres, où les intérêts de la planète passent après les profits des multinationales. Nous devons entrer dans l'ère des biens communs de l'Humanité !

LPJC : Etre députée de la 8ème circonscription, qu'est ce que ça représente pour vous? Quels sont vos liens avec cette circonscription?

AS : Cela représente beaucoup de travail mais je suis une bosseuse! Les députés communistes sont connus pour leur présence sur le terrain. En plus de l'assiduité à l'Assemblée nationale, je m'engage à venir une fois par mois dans un des pays de la circonscription et à entretenir un lien permanent avec les ambassades, les consulats, les personnels et les familles des écoles françaises, les conseillers consulaires et les associations culturelles qui font un travail remarquable. Je veux valoriser tous les acteurs qui permettent aux Français de garder un lien fort avec leur pays. Etre députée de la 8e circonscription, c’est faire de leurs besoins des propositions parlementaires, siéger dans les groupes d'amitiés et les commissions qui les concernent. 

Mon lien avec la 8e circonscription est assez évident: cela fait 6 ans que je parcours l'Europe, et en particulier l'Europe du Sud depuis la crise, où j'y rencontre les forces politiques et le mouvement social que je participe aux luttes pour construire une alternative à l'Union européenne telle qu'elle est. J'ai probablement passé plus de temps dans cette circonscription que chez moi ces dernières années! J’ai aussi milité activement pour la liberté en Turquie, avec les journalistes, les organisations démocratiques qui aujourd’hui connaissent une forte répression. Avec Nordine Idir, mon suppléant, très impliqué dans la solidarité avec le Proche et Moyen Orient, nous voulons œuvrer pour la paix entre les peuples israélien et palestinien, dans le respect du droit international. Nous formons un binôme qui connaît bien la circonscription. 

LPJC : Avez-vous un lien particulier avec l’Italie ?

AS : Je viens très régulièrement en Italie, où les associations et les forces de gauche sont nombreuses et très mobilisées sur la question européenne. En mars dernier par exemple, j'ai participé aux conférences et à la manifestation "La Nostra Europa" qui se tenaient en même temps que l'anniversaire officiel du Traité de Rome. Plus généralement, l'histoire et la culture italiennes me passionnent. J'ai un gros faible pour le cinéma italien, en particulier les comédies. 

LPJC : Quelles sont vos 3 priorités/propositions parmi les problématiques concernant les Français vivant à l'étranger (emploi, fiscalité, éducation, culture, représentation, administration...) ?

AS : J'ai deux grands objectifs: permettre l'égalité entre les Français et construire une politique internationale de la France au service de la paix et des biens communs. L'ensemble de notre programme spécifique pour les Français de l’étranger est à lire ici: http://international.pcf.fr/99591

Mais si je dois choisir 3 propositions prioritaires... les voici: 

  1. Faciliter l'accès à la protection sociale en faisant entrer la CFE dans le régime général de la Sécurité sociale et assurer la transférabilité des droits des personnes tout au long de la vie en matière de retraite, d'assurance maladie, d'indemnité chômage. 
  2. Faciliter l'accès à l'éducation en développant le réseau de l'AEFE par la création de postes d'enseignants et la titularisation des contrats locaux. Pour que tous les Français puisse y avoir accès, je veux lever les barrières financières en gelant les frais de scolarité et en élargissant le système des bourses.
  3. Relancer les services consulaires et culturels abîmés par les politiques d'austérité. Si nous voulons une France qui change le monde, elle doit partout mener des politiques de coopération. Cela implique l’embauche et la dé-précarisation des personnels qui dépendent du MAE. Si nous voulons une France qui protège ses ressortissants, il faut augmenter les aides sociales là où ils sont touchés par la crise. 

On me dit que cela coûte cher. C’est vrai. Mais ce sont des investissements utiles. Et surtout, il y a beaucoup d’argent à récupérer en luttant contre l’évasion fiscale et pour un partage juste des richesses.

LPJC : Quelles sont les mesures envisagées pour l’Italie plus particulièrement?

AS : En Italie, il y a un problème fiscal au sujet des maisons et appartements détenus en France considérés comme des résidences secondaires et taxées en tant que telles. Pour des familles aux revenus modestes ou moyens, il devient difficile de les garder. La fiscalité des Français d’Italie devrait faire l'objet d'une nouvelle convention bilatérale entre nos pays pour qu’elle tienne mieux compte du niveau de vie et répare quelques injustices. Par ailleurs, deux grands pays comme la France et l'Italie devraient ensemble tenir tête au gouvernement allemand sur la scène européenne pour restructurer les dettes et mettre fin aux politiques d'austérité. Ensemble, nos pays devraient aussi proposer une politique d'accueil des réfugiés à l'échelle européenne. L'Italie et la Grèce ne peuvent pas seules faire face, sans aide conséquente du reste de l'Europe. 

LPJC : Quel bilan portez-vous sur l'action du député sortant? Sur quel (s) plan (s) auriez-vous agi différemment ?

AS : Je pense que le député sortant ne s'est pas intéressé à l'ensemble de la circonscription. Il devrait plutôt se présenter à la Knesset! Sur le fond, il a protesté publiquement contre la mention des "Territoires palestiniens" dans la dénomination de la 8e circonscription, nié la réalité de la colonisation israélienne et jugé "chimérique" une solution à deux Etats face au conflit israélo-palestinien comme toutes les résolutions de l'ONU le recommandent. Ce n'est pas promouvoir la paix dans la région. Je veux être la représentante de tous les Français de la circonscription, qu’ils vivent en Italie, Turquie, Grèce, Chypre, Malte, Saint-Marin, Saint-Siège, Israël ou en Palestine. 

LPJC : Quelle est votre réaction à l’élection d’Emmanuel Macron ? Si vous êtes élue, allez-vous soutenir son travail ou être dans l’opposition ? 

AS : J'ai appelé clairement à utiliser le bulletin Macron pour battre le Front national parce qu'il m'était inconcevable que l’État Français soit entre les mains de Marine Le Pen alliée à Trump, Poutine et toutes les extrêmes droites européennes. Mais je ne partage pas le projet de société d'Emmanuel Macron. J'ai appelé à voter Jean-Luc Mélenchon le 23 avril et souhaité un rassemblement avec Benoît Hamon pour que la gauche soit au deuxième tour. J’ai voulu ce même rassemblement des soutiens du PCF, de France Insoumise, de tout le Front de gauche, des écologistes et des soutiens de Benoît Hamon pour constituer un fort pôle de gauche à l'Assemblée nationale. Je suis triste de la division actuelle et je continuerai à me battre pour l’unité de la « vraie » gauche. Les citoyens nous le demandent, cela doit être entendu.
Une seule des mesures proposées par Emmanuel Macron me parait intéressante: la limitation à 12 élèves par classe dans les ZEP. Mais je refuserai de voter une loi d'habilitation pour qu'il puisse utiliser les ordonnances pour faire passer une "loi travail bis", déjà rejetée par une majorité de Français. Je m'opposerai à son projet européen qui consiste à concentrer les pouvoirs économiques dans les mains des pays les plus puissants, et à relancer l'UE par la remilitarisation du continent.

 

Interview donnée au Petit Journal de Rome

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